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L'annee terrible
Quant a flatter la foule, o mon esprit, non pas !Ah ! le peuple est en haut, mais la foule est en bas.La foule, c'est l'ebauche a cote du decombre ;C'est le chiffre, ce grain de poussiere du nombre ;C'est le vague profil des ombres dans la nuit ;La foule passe, crie, appelle, pleure, fuit ;Versons sur ses douleurs la pitie fraternelle.Mais quand elle se leve, ayant la force en elle,On doit a la grandeur de la foule, au peril,Au saint triomphe, au droit, un langage viril ;Puisqu'elle est la maitresse, il sied qu'on lui rappelleLes lois d'en haut que l'ame au fond des cieux epelle,Les principes sacres, absolus, rayonnants ;On ne baise ses pieds que nus, froids et saignants.Ce n'est point pour ramper qu'on reve aux solitudes.La foule et le songeur ont des rencontres rudes ;C'etait avec un front ou la colere boutQu'Ezechiel criait aux ossements : Debout !